Domaine départemental de Chamarande

Château Chamarande

Un château aux trois couleurs
© Domaine départemental de Chamarande
A l’instar de nombreux châteaux du XVIIe siècle dans la région parisienne, l’architecte Nicolas de l’Espine adopte pour celui de Chamarande, en 1654, le style dit « sévère » ou Louis XIII, marqué par une absence de relief en façade et l’utilisation presque exclusive de la brique. Le château connaît ses plus importantes modifications architecturales plus tard, avec le duc de Persigny, ministre de l’Intérieur de Napoléon III, qui fait ajouter une galerie à la façade pour y exposer ses collections

Parc Chamarande

Un parc aux multiples facettes
© Xavier Lefèvre
Avec l’architecte des Lumières Pierre Contant d’Ivry, la physionomie globale du domaine évolue vers un style de transition plus décoratif, subtil équilibre de tracés « à la française » et de formes courbes. Ces caractéristiques sont visibles dans les nombreuses fabriques qu’il a dessinées pour le parc : la glacière, l’auditoire, le jeu de l’oie, ou bien encore, le grand potager et son bassin en forme de lyre. A la fin du XVIIIe siècle, le parc est complètement transformé en jardin « à l’anglaise », avec la création d’une pièce d’eau entourant une île artificielle. Ces aménagements pittoresques et artificiels entraînent, aujourd’hui encore, le visiteur vers des expériences visuelles fondées sur des points de vue poétiques et des «surprises» paysagères. A partir de 1957, l’empreinte du dernier propriétaire privé Auguste Mione sur le site est marquée par la construction de bâtiments modernes avant son rachat par le département de l'Essonne en 1978.

Art Orienté objet

Sommet, 2002
Métal peint ; 440 cm de diamètre
Collection du FDAC de l’Essonne- Domaine départemental de Chamarande
© Domaine départemental de Chamarande
Dans la prairie, un arbre encore frêle est cerné d’une grande table octogonale et de seize chaises dorées dont les dossiers arborent les lettres écrivant : « L’effet de serre ». A mi-chemin entre le mobilier de jardin design et l’équipement d’une salle de conférence, l’oeuvre offre une vision acide et nonmoins ironique des réunions « au sommet » dont les actes sur l’environnement restent souvent sans effets, comme a pu l’être le sommet de Kyoto. Presque tautologique cette pièce, à l’apparente incongruité, traite dans un contexte végétal de l’environnement et nous propose de prendre nos distances avec les réalités économiques pour nous intéresser un peu plus aux richesses de la nature.

Dominique ANGEL

Pièces supplémentaires, 2002
Matériaux Caisses en bois et matériaux divers. 2 m de hauteur sur 80 cm de côté.
Collection du FDAC de l’Essonne- Domaine départemental de Chamarande
© Ahmed Hedjem
Cette oeuvre de Dominique Angel est composée d’un « triptyque sculptural », réalisé sur commande pour le domaine. Elle témoigne du lien entre l’art contemporain et le patrimoine dans un bric-à-brac savamment organisé. Dominique Angel installe ses créations sur trois socles de pierre ayant accueillis, en leur temps, des sculptures le long du chemin qui mène du château à l’île. En lieu et place des antiques représentations, notamment un Bacchus et une Diane chasseresse, il magnifie, tel un archéologue, les composants physiques du domaine. Sur chaque socle, dans de larges caisses de bois semblables à celles utilisées pour un déménagement ou la conservation des oeuvres de la collection départementale, il regroupe des vestiges mis à jour à l’occasion de chantiers de restauration. Chaque contenant, recueille et met en scène des objets originaux marquant l’histoire du site. Près du château, ce sont des fragments d’origine minérale utilisés dans la construction et les décors du château : ardoise, marbre, grès, statuaires de calcaire et de béton… Sur le second socle, non loin de l’orangerie, sont disposés les restes d’éléments métalliques : lustre, jardinière, balustrade…, et enfin, le dernier présente la dimension végétale et vivante de ce lieu. La nature est ici domestiquée, à l’image de l’arbuste taillé, qui fait en référence aux parterres de buis et aux topiaires ornant les jardins de Chamarande du XVIIe et XVIIIe siècles. Mais les époques et les modes passent et les herbes sauvages colonisent ce jardin « hors sol » qui sait garder sa liberté.

Alain Declercq

My home is a castle, 2007
Camion et matériaux divers ; camion : 230 x 760 x 220 cm
Collection du FDAC de l’Essonne- Domaine départemental de Chamarande
© Domaine départemental de Chamarande
En 2005, l’oeuvre d’Alain Declercq, Jolly Roger, appartenant à la collection du FDAC de l’Essonne et exposée dans le parc de Chamarande, a été vandalisée. Pour remplacer le « vol » de cette oeuvre, Alain Declercq propose au public de Chamarande une nouvelle création. My home is a castle s’appuie sur l’histoire du domaine par la récolte d’objets trouvés dans le château. « (...) Mon projet est donc de mettre en scène un camion contenant une cargaison de poutres en sapin, au croisement de deux chemins du parc, dans un endroit isolé mais stratégique. La lecture de la scène laisserait supposer que le véhicule cherchait à sortir du domaine et, ratant son coup, vient s’écraser contre un arbre. A l’arrière, une trappe est entrouverte par l’impact, laissant deviner une cache sous l’habillage de bois. Dedans, des objets précieux et antiques, en vrac, en provenance directe du château (lustre, tableaux, argenterie, etc.). On comprend alors qu’il s’agit d’un cambriolage, raté. Le camion en fuite termine sa course brutalement et demeure ainsi dans le parc ; le butin n’est finalement pas dérobé, seulement déplacé. Curieusement, il rejoint le reste des oeuvres d’art, des pièces de valeur, à l’extérieur du château. C’est un trésor de plus livré sur un plateau au visiteur. (...) Pour mieux cerner l’accord total de ce projet avec ma production, il faut savoir que mon travail s’articule autour des diverses formes de déploiement de l’autorité, de la justice, et apporte un regard critique sur les manifestations et affirmations des pouvoirs politiques, économiques et judiciaires. C’est un travail d’actualité, en correspondance directe avec les évènements quotidiens et les lieux où je l’installe. Il s’agit pour moi de révéler ce qui est caché, de dévoiler ce qui est classé confidentiel, de démanteler, désarticuler la réalité. (...)» - Alain Declercq

Marie Denis

La Psyché, 2006
Acier et polymiroir, 1,20 m de diamètre
Collection du FDAC de l’Essonne - Domaine départemental de Chamarande
© Marie Denis
Devant l’Orangerie, Marie Denis offre au visiteur la possibilité de contempler le paysage céleste avec La Psyché transformant ainsi le ciel en « une inépuisable peinture animée ». Miroir mobile et gigantesque, La Psyché a été conçue pour la ville de Gonesse et son ballet d’avions décollant de l’aéroport Charles de Gaulle. Elle s’intègre parfaitement au paysage du parc de Chamarande pour lequel la notion de reflet est essentielle depuis la création du buffet d’eau de Pierre Contant d’Ivry (milieu du XVIIIe siècle) jusqu’à celle de la pièce d’eau attribuée à Hubert Robert (fin du XVIIIe siècle).

Miguel Egaña

Feuilles/Scies, 2001
Cinq sculptures en métal peint ; 135 x 197 cm, 150 x 198 cm,
132 x 185 cm, 104 x 257 cm, 150 x 180 cm
Collection du FDAC de l’Essonne - Domaine départemental de Chamarande
© Marc Domage
Cinq sculptures de Miguel Egaña ponctuent la prairie du parc de Chamarande jusqu’à l’île comme autant de points rouges disséminés dans le vert du paysage. Jouant sur l’association insolite entre l’artifice du métal et le naturel du bois, ces monumentales feuilles rouges sectionnent ainsi les reliquats d’arbres jadis hauts et puissants. Cet hommage nous permet de saisir ce que furent autrefois ces arbres. Les Feuilles/Scies de Miguel Egaña, graphiques et contrastées, témoignent, par d’étranges déplacements, du chaos de la nature, en particulier de la tempête qui en 1999 a ravagé environ deux mille arbres sur le domaine.

Anne Ferrer

Truie/Nénuphar, 2001
Sculpture flottante en aluminium peint ; 120 x 400 x 350 cm
Collection du FDAC de l’Essonne - Domaine départemental de Chamarande
© Marc Domage
En 2001, Anne Ferrer proposait pour le canal une sculpture dont l'essence première était la mutation, la transformation, le croisement entre deux espèces : la truie et le nénuphar. Cette création hybride mi-animale, mi-végétale détaillait alors les caractéristiques propres aux deux genres : la couleur rose du cochon et la forme d'une fleur posée sur l'eau. Au fil des années l'oeuvre installée dans ce milieu si particulier a évolué, laissant la nature accomplir ses outrages. En 2005, le temps de la restauration venu, il a été décidé avec l'artiste de donner à la Truie/Nénuphar un autre destin : avec l'aspect du métal qui attend la couche de peinture. Toute de chrome vêtue et tachetée d'un rose fluo désormais passé, la sculpture affleure toujours le disparate et l'étrange. Elle relève cependant d’une esthétique nouvelle digne d'un garage automobile.

Bert Theis

Le Troisième système, 2007
3 modules en caillebotis blanc ; 650 cm x 650 cm x 40 cm
Collection du FDAC de l’Essonne - Domaine départemental de Chamarande
© Marc Domage
« Le projet du Troisième système propose l’implantation d’un certain nombre de modules en bois blanc dans le paysage du domaine départemental de Chamarande. La forme des modules est élémentaire, voire archétypique. Deux lignes se croisent pour devenir un X ou une croix. Ce signe a un signifié multiple et ambivalent : il est utilisé aussi bien pour marquer que pour rayer des contenus. Vues de l’espace ou photographiées par un satellite, les croix blanches apparaîtront comme des repères cartographiques d’une grille fragmentée. La forme et le positionnement reprennent les proportions du plan du Corbusier pour une ville de trois millions d’habitants de 1922. Cependant la grille a été rendue moins dense et plus étendue que le dessin original en introduisant des vides et en multipliant le schéma. De même, les mesures horizontales et verticales des tours ont été redimensionnées à une échelle humaine, de manière à les transformer en une sorte de plateforme ou de grands bancs. Cette transformation permettra à un groupe de modulors ou de visiteurs d’en faire usage de façon variée. Par exemple pour s’y reposer avec leur chien comme le font les personnes oisives sur le tableau de Hubert Robert exposé au château de Chamarande. Les proportions de chaque module permettent à quatre couples de s’y allonger simultanément. Ou bien à quatre groupes d’y faire leur pique-nique. Une autre fonction pourrait être de les utiliser comme petites scènes pour les musiciens ou les danseurs lors des activités organisées dans le parc en été. Ils pourraient aussi servir de points de repères pour un parcours de joggeurs. Il est très probable que les visiteurs du parc inventeront d’autres fonctions et utilisations. L’oeuvre est ouverte à ces interventions et s’achève par elles. La grille (virtuelle) régulière et géométrique posée sur le parc est Le Troisième système d’organisation de l’espace appliqué à ce lieu. Elle marque d’une certaine façon le retour à la géométrie rigoureuse et aux grands axes dessinés par Pierre Contant d’Ivry lors de la création du parc au XVIIIe siècle. Les formes organiques actuelles du paysage selon les concepts du jardin à l’anglaise ont été superposées au dessin original au XIXe siècle. À l’opposé des siècles antérieurs, le XXe siècle n’a pas produit un modèle de jardin spécifique. Par contre, il a englobé toutes les différentes composantes du territoire dans un processus d’urbanisation. Le Troisième système prend acte de ces évolutions et se propose comme hommage au modernisme et au minimalisme du XXe siècle, qui fait désormais lui aussi partie de notre patrimoine culturel. » - Bert Theis

Regards croisés entre patrimoine et art contemporain au domaine départemental de Chamarande
Le domaine départemental de Chamarande n’est pas un site patrimonial et culturel comme les autres. Riche d'une histoire de plus 350 ans, c'est désormais un centre d’art contemporain dans un parc ouvert gratuitement à tous les Essonniens. Le site est classé au titre des monuments historiques tandis que le jardin, labellisé « remarquable », sert d’écrin, depuis 2001, aux oeuvres de la collection du Fonds départemental d’art contemporain de l’Essonne (FDAC). Cette collection d'oeuvres d’art est aujourd’hui riche de plus de trois cents pièces, datées de 1964 à nos jours. Il représente un panorama de la création française et internationale, émergeante et confirmée qui regroupe des oeuvres aux contenus et expressions artistiques, esthétiques ou philosophiques extrêmement divers, sans exclusive de médiums (peintures, sculptures, vidéos, installations, dessins, photographies). La collection est largement diffusée par le biais d’expositions et d’une importante dynamique de médiation pédagogique qui facilite la relation des publics aux œuvres notamment dans les collèges de l'Essonne. Certaines oeuvres de la collection spécifiquement conçues pour Chamarande et exposées dans le parc constituent L’esprit des lieux et parviennent à « habiter » le domaine, par leur présence physique ou par la mémoire qu’elles transportent.
En savoir plus ? Retrouvez l'espace web du Domaine départemental de Chamarande sur www.chamarande.essonne.fr.